Pour Sylvain Bosc, la France a tout pour devenir une nouvelle place forte de Qatar Airways. L'ouverture de Lyon est toujours envisagée © QA
TourMaG.com - Vous êtes arrivé à la vice-présidence de Qatar Airways en Europe en ce début d’année 2019. Quel parcours vous a mené jusqu’ici ?
Sylvain Bosc : J’ai eu la chance de commencer dans l’aérien en 1995 chez Air France, dans les équipes commerciales à New York.
J’ai ensuite eu différents postes à la direction commerciale, au siège d’Air France, en Espagne ou encore au Japon.
Après un bref détour de 2 ans dans la mode, dans une entreprise que mon frère a monté, j’ai rejoint Corsair au poste de directeur général adjoint, à l’époque où il fallait transformer la compagnie charter en compagnie régulière.
Nous étions en 2010, et l’expérience a été très riche : il s'agissait de refaire entièrement la compagnie, le réseau, la flotte.
Au bout de 4 ans, je suis parti à Johannesbourg, en tant que directeur général adjoint de South African Airways, puis dans une compagnie qui s’appelle FastJet, avant de monter une compagnie au Mozambique. Avant, donc, d’atterrir en janvier dernier chez Qatar.
TourMaG.com - Dans quel contexte avez-vous pris vos fonctions et quels ont été les premiers dossiers chauds posés sur votre bureau ?
Sylvain Bosc : Le contexte est celui, évidemment, d’une croissance énorme de la compagnie, parmi les plus fortes au monde.
J’arrive dans une période où il faut consolider la nouvelle direction commerciale, et être plus agile et efficace avec nos clients agences de voyages (les ventes via les réseaux de distribution étant largement majoritaires chez Qatar, ndlr) et corporate. J’atterris ici dans l’idée de poursuivre tout ce qui a été remarquablement fait ces dernières années.
Sylvain Bosc : J’ai eu la chance de commencer dans l’aérien en 1995 chez Air France, dans les équipes commerciales à New York.
J’ai ensuite eu différents postes à la direction commerciale, au siège d’Air France, en Espagne ou encore au Japon.
Après un bref détour de 2 ans dans la mode, dans une entreprise que mon frère a monté, j’ai rejoint Corsair au poste de directeur général adjoint, à l’époque où il fallait transformer la compagnie charter en compagnie régulière.
Nous étions en 2010, et l’expérience a été très riche : il s'agissait de refaire entièrement la compagnie, le réseau, la flotte.
Au bout de 4 ans, je suis parti à Johannesbourg, en tant que directeur général adjoint de South African Airways, puis dans une compagnie qui s’appelle FastJet, avant de monter une compagnie au Mozambique. Avant, donc, d’atterrir en janvier dernier chez Qatar.
TourMaG.com - Dans quel contexte avez-vous pris vos fonctions et quels ont été les premiers dossiers chauds posés sur votre bureau ?
Sylvain Bosc : Le contexte est celui, évidemment, d’une croissance énorme de la compagnie, parmi les plus fortes au monde.
J’arrive dans une période où il faut consolider la nouvelle direction commerciale, et être plus agile et efficace avec nos clients agences de voyages (les ventes via les réseaux de distribution étant largement majoritaires chez Qatar, ndlr) et corporate. J’atterris ici dans l’idée de poursuivre tout ce qui a été remarquablement fait ces dernières années.
Repenser entièrement le réseau
Autres articles
TourMaG.com - Vous évoquez la forte croissance de la compagnie, qui se poursuit malgré de lourdes pertes financières en 2018. Quel bilan tirez-vous de ces derniers mois ?
Sylvain Bosc : C’est vrai que Qatar a annoncé des pertes en 2018, il faut dire que le contexte est rendu difficile par l’évolution de notre monnaie de base, le riyal qatari, qui baisse par rapport au dollar, mais aussi par le blocus des pays du Golfe sur le Qatar, qui nous a pris par surprise.
Il nous a forcé à repenser entièrement, du jour au lendemain, notre réseau et notre flotte. Et je pense que peu d’entreprises seraient capables de faire face avec autant d’agilité à un tel défi.
TourMaG.com - C’est à dire ?
Sylvain Bosc : En 2 ans, depuis que le blocus est en place, nous avons ouvert 24 nouvelles destinations, ce qui est extraordinaire.
Imaginez Peugeot ou Renault devant se priver du quart de leurs usines un jour et rouvrir des chaînes de production ailleurs le lendemain… Nous avons dû remplacer les marchés qui nous ont été fermés, alors qu’ils représentaient une part énorme de notre activité.
En ré-allouant nos capacités sur d’autres marchés, nous avons montré notre résilience. Et continuons d’ouvrir de nouvelles destinations sans relâche pour rééquilibrer nos réseaux (ces derniers jours : Malte, Lisbonne ou encore Rabat, ndlr).
TourMaG.com - Mais le blocus se poursuit et continue d’impacter les marchés européens...
Sylvain Bosc : La situation complique énormément les affaires de Qatar Airways, tous nos vols continuent de devoir survoler le Golfe Persique et l’Iran pour partir ou arriver à Doha. Ce qui engrange des coûts de carburant et des temps de transport en plus.
Mais notre objectif est de faire en sorte que les clients ne s’en rendent pas compte : en nous appuyant sur notre aéroport, qui est le plus efficace du monde, nous réduisons les temps de correspondance.
En fait on peut dire avec le recul que le blocus est une bénédiction cachée, puisque cela nous permet de mieux organiser notre hub, et d’avoir un réseau plus diversifié et plus équilibré.
Sylvain Bosc : C’est vrai que Qatar a annoncé des pertes en 2018, il faut dire que le contexte est rendu difficile par l’évolution de notre monnaie de base, le riyal qatari, qui baisse par rapport au dollar, mais aussi par le blocus des pays du Golfe sur le Qatar, qui nous a pris par surprise.
Il nous a forcé à repenser entièrement, du jour au lendemain, notre réseau et notre flotte. Et je pense que peu d’entreprises seraient capables de faire face avec autant d’agilité à un tel défi.
TourMaG.com - C’est à dire ?
Sylvain Bosc : En 2 ans, depuis que le blocus est en place, nous avons ouvert 24 nouvelles destinations, ce qui est extraordinaire.
Imaginez Peugeot ou Renault devant se priver du quart de leurs usines un jour et rouvrir des chaînes de production ailleurs le lendemain… Nous avons dû remplacer les marchés qui nous ont été fermés, alors qu’ils représentaient une part énorme de notre activité.
En ré-allouant nos capacités sur d’autres marchés, nous avons montré notre résilience. Et continuons d’ouvrir de nouvelles destinations sans relâche pour rééquilibrer nos réseaux (ces derniers jours : Malte, Lisbonne ou encore Rabat, ndlr).
TourMaG.com - Mais le blocus se poursuit et continue d’impacter les marchés européens...
Sylvain Bosc : La situation complique énormément les affaires de Qatar Airways, tous nos vols continuent de devoir survoler le Golfe Persique et l’Iran pour partir ou arriver à Doha. Ce qui engrange des coûts de carburant et des temps de transport en plus.
Mais notre objectif est de faire en sorte que les clients ne s’en rendent pas compte : en nous appuyant sur notre aéroport, qui est le plus efficace du monde, nous réduisons les temps de correspondance.
En fait on peut dire avec le recul que le blocus est une bénédiction cachée, puisque cela nous permet de mieux organiser notre hub, et d’avoir un réseau plus diversifié et plus équilibré.
Prochaine étape : Lyon ?
La fameuse Q-Suite, autoproclamée "meilleur classe affaires du monde", est instalée sur les 777 desservant Paris © QA
TourMaG.com - Plus globalement, quoi de neuf chez Qatar Airways ? Doit-on s’attendre à des annonces sur le salon du Bourget (qui débute le 17 juin, ndlr) ?
Sylvain Bosc : Le Bourget sera cette année encore un événement très important dans le calendrier de Qatar Airways, et notre patron Akbar Al Baker sera présent pour venir faire les annonces lui-même.
Autrement, les grandes nouveautés sur le marché français sont le déploiement de l’Airbus A350-900 sur Nice en saison été, l’installation progressive de la Q-Suite sur tous nos appareils desservant Paris, et une nouvelle offre repas plus raffinée en classe éco.
A lire : Qatar Airways : j’ai testé pour vous... la Q Suite ! (Vidéo)
TourMaG.com - Avez-vous atteint le maximum des droits de trafic utilisable en France ? La prochaine étape de votre expansion serait toujours une ouverture de Lyon ?
Sylvain Bosc : Nous n’utilisons pas tous les droits alloués, et il nous reste de la place pour ouvrir une autre ligne aujourd’hui en France.
Même s’il y a d’autres opportunités en France, Lyon est une destination qui est très intéressante au point de vue corpo, malgré la concurrence déjà présente.
Avec la signature de nouveaux droits de trafics entre le Qatar et l’Europe, et le fait que Qatar Airways va recevoir une cinquantaine d’A321neo, dont 10 A321LR, très adaptés à la desserte de l’Europe, nous aurons énormément d’opportunités et pourrons créer des dessertes profitables.
Le jour où nous obtiendrons cela, la France deviendra une vraie place forte de Qatar Airways.
Sylvain Bosc : Le Bourget sera cette année encore un événement très important dans le calendrier de Qatar Airways, et notre patron Akbar Al Baker sera présent pour venir faire les annonces lui-même.
Autrement, les grandes nouveautés sur le marché français sont le déploiement de l’Airbus A350-900 sur Nice en saison été, l’installation progressive de la Q-Suite sur tous nos appareils desservant Paris, et une nouvelle offre repas plus raffinée en classe éco.
A lire : Qatar Airways : j’ai testé pour vous... la Q Suite ! (Vidéo)
TourMaG.com - Avez-vous atteint le maximum des droits de trafic utilisable en France ? La prochaine étape de votre expansion serait toujours une ouverture de Lyon ?
Sylvain Bosc : Nous n’utilisons pas tous les droits alloués, et il nous reste de la place pour ouvrir une autre ligne aujourd’hui en France.
Même s’il y a d’autres opportunités en France, Lyon est une destination qui est très intéressante au point de vue corpo, malgré la concurrence déjà présente.
Avec la signature de nouveaux droits de trafics entre le Qatar et l’Europe, et le fait que Qatar Airways va recevoir une cinquantaine d’A321neo, dont 10 A321LR, très adaptés à la desserte de l’Europe, nous aurons énormément d’opportunités et pourrons créer des dessertes profitables.
Le jour où nous obtiendrons cela, la France deviendra une vraie place forte de Qatar Airways.
Retrait de One World, concurrence déloyale et prix du pétrole
TourMaG.com - Quelles sont les perspectives pour 2019 : croissance en France, retrait possible de l’alliance Oneworld… ?
Sylvain Bosc : Nous sommes très optimistes sur le marché français, qui est en forte croissance bien qu’il n’y ait pas de nouvelles fréquences.
De la même manière, malgré le Brexit, il n’y a aucun signe de faiblesse sur le marché anglais, ni sur les autres marchés européens.
Concernant Oneworld, nous nous demandons toujours si ça vaut la peine de rester dans l’alliance. Il est vrai qu’il y a eu des tensions avec nos partenaires American Airlines et Qantas.
Si les coûts ne sont pas en proportion des recettes commerciales que l’alliance génère, il ne vaut mieux pas y rester, d’autant que nous garderons des rapports privilégiés avec certaines compagnies. Notre réflexion se poursuit.
TourMaG.com - Enfin, en temps que Français, quel regard portez-vous sur les compagnies européennes, et surtout françaises, très critiques à l’égard de Qatar et des autres compagnies du Golfe ? Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de concurrence déloyale, de toucher des subventions illégales ou de profiter du pétrole du Golfe ?
Sylvain Bosc : Chacun fait sa vie. Dans une Europe où le marché aérien est hyper-concurrentiel, nous n’avons pas le temps d’émettre des jugements sur les uns et les autres. Concernant le pétrole, nous ne sommes évidemment pas branchés à la nappe et le payons comme tout le monde.
En revanche, sur les questions de concurrence déloyale, je répondrais ceci : Qatar Airways bénéficie du soutien de son actionnaire, qui est très ambitieux et investit énormément. Il ne s’agit pas de subventions, mais bien d’investissements.
Ce n’est pas la première fois que cela arrive dans l’histoire de l’aviation, ce modèle de développement a été écrit par Singapore Airlines. Cela a marché au-delà de toutes espérances et Singapore a toujours été la compagnie la plus respectée du monde.
C’est sûr que ce modèle peut faire envie ou grincer des dents. Mais est-ce que cela sert à quelque chose de s’en plaindre au lieu d’essayer de répondre à l’aiguillon de la concurrence, qui pour moi est complètement bénéfique au marché ? Je ne pense pas.
Sylvain Bosc : Nous sommes très optimistes sur le marché français, qui est en forte croissance bien qu’il n’y ait pas de nouvelles fréquences.
De la même manière, malgré le Brexit, il n’y a aucun signe de faiblesse sur le marché anglais, ni sur les autres marchés européens.
Concernant Oneworld, nous nous demandons toujours si ça vaut la peine de rester dans l’alliance. Il est vrai qu’il y a eu des tensions avec nos partenaires American Airlines et Qantas.
Si les coûts ne sont pas en proportion des recettes commerciales que l’alliance génère, il ne vaut mieux pas y rester, d’autant que nous garderons des rapports privilégiés avec certaines compagnies. Notre réflexion se poursuit.
TourMaG.com - Enfin, en temps que Français, quel regard portez-vous sur les compagnies européennes, et surtout françaises, très critiques à l’égard de Qatar et des autres compagnies du Golfe ? Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de concurrence déloyale, de toucher des subventions illégales ou de profiter du pétrole du Golfe ?
Sylvain Bosc : Chacun fait sa vie. Dans une Europe où le marché aérien est hyper-concurrentiel, nous n’avons pas le temps d’émettre des jugements sur les uns et les autres. Concernant le pétrole, nous ne sommes évidemment pas branchés à la nappe et le payons comme tout le monde.
En revanche, sur les questions de concurrence déloyale, je répondrais ceci : Qatar Airways bénéficie du soutien de son actionnaire, qui est très ambitieux et investit énormément. Il ne s’agit pas de subventions, mais bien d’investissements.
Ce n’est pas la première fois que cela arrive dans l’histoire de l’aviation, ce modèle de développement a été écrit par Singapore Airlines. Cela a marché au-delà de toutes espérances et Singapore a toujours été la compagnie la plus respectée du monde.
C’est sûr que ce modèle peut faire envie ou grincer des dents. Mais est-ce que cela sert à quelque chose de s’en plaindre au lieu d’essayer de répondre à l’aiguillon de la concurrence, qui pour moi est complètement bénéfique au marché ? Je ne pense pas.